Je suis plein de contradiction, ceux qui me connaissent le savent. Il y a quelques semaines, je publiais un article disant que je n’ai pas besoin de compétition pour m’entraîner. Cette même semaine, je prenais le départ de ma première course à pied, un trail de 12km qui avait lieu derrière chez moi. Dans cet article, je vous parle de ma préparation, des questions que je me suis posé et, bien sûr, de ma course !
J’ai longtemps manqué de régularité dans ma pratique du running. A l’époque où j’étais cycliste, depuis le pôle espoirs, je ne courrais qu’à l’inter-saison, une à deux heures par semaine, sur les petites routes derrière chez mes parents ou en ville. Ensuite, j’avais pris l’habitude de courir, en ville, 1h le lundi soir pendant les journées courtes d’hiver. Les promesses du running étaient pour moi: une bonne façon de transpirer, prendre ma dose d’endorphine et pouvoir pratiquer de jour comme de nuit. Finalement, sans jamais réellement y trouver du plaisir, je ne m’y suis pas intéressé, voyant toujours ce sport comme un “à côté” ou un déculpabilisateur de sédentarité.
Cela fait maintenant trois ans que je cours régulièrement. Un minimum d’une fois par mois (en moyenne), jonglant avec mes autres sports passion. Ce qui a changé ? Je me suis pris de passion pour le trail. Ce moment privilégié dans les bois comme en VTT, en contact avec la nature, avec un effort varié, cassant la routine et faisant monter le coeur sans se prendre la tête. Mes sorties font entre trente minutes et une heure, selon les impératifs, seul tout le temps ou accompagné de Pin Up, notre berger australien. De fait, mes sorties font entre 6km et 10km. Je n’ai jamais dépassé les 10km de toute ma vie de runneur - traileur. Alors, lorsque j’ai su qu’un trail aurait lieu sur les mêmes chemins que ceux sur lesquels je cours déjà, si régulièrement. Je me suis dit que ce serait l’occasion parfaite pour mettre un dossard. En plus, cela tombe bien, en septembre j’avais refait de certificats médicaux pour la pratique du running, vélo et triathlon en compétition. N’y voyez aucun spoil derrière ceci, ce n’est pas une annonce !
Cela faisait donc un mois que j’avais coché l’épreuve sur le calendrier pour profiter d’un week end 100% off. J’attendrai quand même la dernière minute pour m’inscrire, me gardant une réserve en cas de mauvais temps ou d’impératif familial.
La semaine précédente, je n’avais fait qu’une sortie trail de 7km, je me posais forcement la question de mes capacités physiques à courir en pleine nature une distance de plus de 10km, sur un terrain gras de novembre qui plus est. Je savais que je ne maîtrisais absolument pas cette distance et que je devrais finir au mental. Mais je savais aussi que je regretterais de ne pas passer le cap de ce premier dossard de running alors même que la course se déroulait presque dans le jardin.
Je m’inscris finalement le vendredi, à quarante-huit heures du départ et je me mets en mode automatique “compétition”. La gestion de la veille de course, je la connais par coeur et je savais que cela aurait de l’importance pour prendre du plaisir le jour J. Si tous les détails comptaient pour gagner une course, je savais qu’ils compteraient tout autant pour pallier mes lacunes physiques, le lendemain, sur les chemins.
Alors, bien sûr, la règle numéro un était le sommeil, bien dormir le vendredi et le samedi devenait de première importance pour moi. Ensuite, je devais faire attention à mon hydratation, alors j’ai beaucoup bu, vraiment beaucoup. Ensuite, il fallait éviter de manger de cochonnerie pour ne pas encrasser le foie. Jusque là; les basiques, rien de très compliqué. Un petit massage des jambes pour enlever les contractures des séances de crossfit de la semaine. Je passais mes jambes dans les boosters skins, qui m’accompagneront jusqu’aux pieds du lit et se subsitueront à des bas de contention que je n’ai plus. Bref, la routine d’un sportif ! La veille de course se terminera avec deux verres de vin, accompagné d’une raclette, un peu de vitamines B12 comme disait mon coach! Je savais que demain matin je n’aurais plus qu’a prendre un petit-déjeuner léger (deux tranches de pains et puis s’en vont), au minimum deux heures avant le départ pour avoir l’estomac léger.
Avec une température annoncée de 5° le matin, je me posais forcément la question de mon équipement. Je savais que lors de mes saisons de cyclo-cross, j’avais une combinaison manche-longue avec un sous-vêtement thermique et que c’était niquel. L’effort était similaire: une heure en hiver à intensité très élevée. Alors, j’ai opté pour mon collant long skins, un sous-maillot Odlo manche longue et un maillot de vélo d’été pour pouvoir ouvrir le zip en cas de surchauffe. Une paire de gants longs légers et un buff sur la tête compléteront la tenue.
Vient ensuite le moment d’aller chercher le dossard. J’avais la chance de pouvoir prendre le vélo pour me réveiller tranquillement et faire l’allée retour sur les 300 mètres qui me séparaient du chapiteau de l’organisation. Je ressorts, mes épingles qui n’ont pas bougées depuis plus de dix ans et j’agrafe tranquillement les dossards au chaud à la maison avec les bonnes ondes envoyées par ma chérie et mon fils que je ne reverrais pas avant l’arrivée. Je pars en footing léger en direction de la ligne de départ, fait quelques accélérations dans une bosse, pour faire monter le coeur. Jusque là, je suivais ma préparation d’avant course de cyclo-cross, un repaire qui me permettait de faire monter la pression avec un stress positif.
Cela fait maintenant pas mal de temps que je parle avec des amis et connaissances qui pratiquent le running en compétition. J’avais gardé dans un coin de ma tête quelques éléments clef que je devais assembler pour établir un plan de course. D’abord, je savais que sur ces chemins je courrais en moyenne en cinq minutes du kilomètre, sur une distance moindre, mais en entrainement. J’ai donc été jeté un oeil sur le classement de l’an passé pour voir dans quelle tranche du peloton je me serais situé avec cette moyenne. Ce qui correspondait au premier tiers du peloton. Ensuite, comme la course à pied est un effort court et intense, je voulais vraiment prendre un bon départ. Je me suis mis dans le premier tiers du peloton sur la ligne de départ, avec pour objectif de remonter des coureurs dans la première bosse et ensuite carpe diem!
Comme je suis plutôt discipliné et que je n’ai pas de plan B, j’ai tenu cette stratégie sur les deux premiers kilomètres. Tout ceci, sans trop surveiller le cardio qui tournait à 183bpm/minutes, 7bpm au-dessus de mon seuil théorique… Alors, après 10 minutes à cette cadence je savais que je n’étais pas partie à l’économie ! Maintenant, il fallait tenir, alors au souvenir des années vélo, j’ai géré mon effort comme une montée de col, en prenant mes souvenirs du Tourmalet en repaire (mes pires sensation en col en compétition). Il me fallait donc RESISTER et ne pas prendre d’ECART.
Sur cette dynamique, tout se passe à merveille sur la distance que je maitrise: 7km. Je “garde les roues” comme on dirait dans mon jargon, je ne fais pas d’effort inutile et profite des ralentissements pour faire redescendre autant que possible le coeur, décontracter les jambes et les épaules. Les chemins défiles et plus les portions roulantes se présentent, plus les écarts se creusent avec les coureurs devant moi. Mes démons du running ne me lâche pas, la route n’est vraiment pas faite pour moi!
Alors, je fais le yoyo, je reviens dans les chemins cassants et je prends des éclats dans les parties roulantes. Si bien qu’à partir du dixième kilomètre, je perdrais une vingtaine de places sur les morceaux de routes que je ne remontrais pas dans les chemins.
Le dernier bout de route aura vraiment eu raison de mes jambes, à deux kilomètres de l’arrivée je suis au mental. Je ne rebondis plus, j’essaye d’allonger tout ce que je peux de mes jambes. Je monte la dernière bosse au courage avant d’apercevoir la ligne d’arrivée et la fin de ce défi. J’arrivais fier devant ma femme et mon fils, les jambes tétanisées par les toxines. C’est en boitant jusqu’à la maison, fier de ma performance (109ème/332 en 1h09:05) que je me dis que je ne changerais rien à ce que j’ai fait et que s’était cool ! J’ai toujours su que chaque défi construisait le suivant et j’en ai encore eu l’exemple, aujourd’hui. Si je sais maintenant, que prendre le départ d’un marathon ne fait pas partie de mes rêves, je me dis que je me frotterais bien à des défis plus longs en trail, car finalement 13Km c’est court (oui, les 12Km annoncée se sont transformés en 13km sur mon strava, en respectant le fléchage)!
- Nicolas